"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

dimanche 5 août 2007

LES ANIMAUX QUE J'AI AIMES : Rocou


Mes amis les animaux : ROCOU

Dans ce post, je voudrais parler des animaux qui ont accompagné ma vie pendant des années. Celui qui l'a le plus marqué, ce fut Rocou, une pigeonne blanche, qui m'a accompagné 11 ans.
Avant, nous avions toujours eu des chats. La dernière chatte en date, Gribouille II (car il y avait eu auparavant sa mère, une Gribouille I), nous l'avons gardée 22 ans.
A partir de Rocou, qui fut le premier pigeon que nous avons recueilli et qui a été, comme je l'ai dit, avec nous pendant 11 ans, il y a eu de nombreux autres oiseaux. Actuellement, nous avons quatre perruches calopsytes dont je vous raconterai l'histoire. Mais commençons par Rocou...

Rocou (pigeonne recueillie en 1991 et qui vécut avec nous jusqu'en 2002)

La découverte de Rocou est un miracle en soi. Je travaillais à l’époque à Libinter, un magasin multimédia, aménagé sur plusieurs étages, le dernier étant constitué par un bureau qui s’ouvrait sur une sorte de terrasse intérieure par une baie vitrée. Le magasin, pris entre deux autres immeubles, prenait la lumière par des verrières. Comme il n’était pas climatisé, l’été, c’était un véritable four car les verrières concentraient la chaleur et la seule véritable prise d’air (avec les portes sur la rue) étaient par la porte fenêtre de ce bureau au dernier étage. Nous étions en septembre et il faisait encore très chaud. Nous ne pouvions même pas laisser ouvert entre midi et deux à cause des alarmes qui se déclenchaient au moindre souffle d’air. Aussi, la personne responsable à l’époque du magasin, mon supérieur, André Richard, que tout le monde appelait Dédé, avait la charge de fermer cette fameuse porte fenêtre entre midi et deux.

Ce jour là, un samedi 18 septembre 1991, il redescend du bureau avec, dans la main, une bien piteuse petite chose : un oiseau, de race indéfinie, plus gris que blanc, ramassé sur lui-même, les pattes recroquevillées sous lui (à telle enseigne que, sur le moment, je les ai cru absentes ou cassées…), visiblement en très mauvais état. Comme il sait que j’aime les animaux et que je rentrais à midi chez moi (lui, habitant à quelques kilomètres d’Aubenas, ne rentrait pas manger chez lui ce jour là), il me le confie.

Comme j’ai un jardin, je pensais l’y relâcher dès que je l’aurais « requinqué » un peu (si toutefois, il survivait !)

En arrivant chez moi (je n’ai pas beaucoup de temps entre midi et deux), je regardais où je pouvais le mettre en attendant mieux. J’avais un vieux garde-manger à la cave qui ne servait plus. J’y ai mis de vieux journaux, l’oiseau dedans, avec de l’eau et des graines que nous donnons l’hiver aux « oiseaux du ciel », principalement des mésanges, qui viennent nous les réclamer pendant la saison froide. J’examinai rapidement ses pattes et je vis, à mon grand soulagement, qu’elles étaient bien présentes mais qu’elles étaient engluées dans une espèce de « ciment » très dur. Ma première réaction était motivée par le fait que, souvent, les pigeonneaux se font dévorer les pattes par les rats alors qu’ils sont encore au nid, quand ce n’est pas l’animal entier qui est dévoré vivant. « Dura lex » que celle de la nature, « sed lex ». Il n’y a pas si longtemps, dans nos campagnes, c’étaient les nouveaux-nés que les rats dévoraient… Horrible, je sais, mais c’est la vérité !

Donc, après m’être occupé comme je le pouvais de « l’oiseau » (nous ne l’avons appelé Rocou que bien plus tard, et encore avons-nous mis des années à nous y faire…), je repartis travailler avec l’espoir que, le soir lorsque je rentrerais, elle serait toujours en vie, sans y croire vraiment, vu son état de faiblesse lorsque je la laissai.

Le soir, c’est avec un petit pincement au cœur que je m’approchai de la cage improvisée. Elle était toujours en vie, essayant de se redresser sur ses pattes mais tombant à chaque fois sur le côté. Je renouvelai l’eau et les graines, lui parlant, regardant à nouveau de manière un peu plus approfondie ce qui lui engluait les pattes. Je compris alors que cela devait être la fiente accumulée au fond du nid (ou plutôt du grenier) d’où elle était tombée dans cette cour intérieure. Je pensais que si Dédé ne l’avait pas trouvée, elle serait morte de déshydratation en quelques heures dans cette cour sans ombre et bordée de murs dont elle n’aurait jamais pu s’échapper. Comme j’ai pas mal d’amis qui s’occupent d’écologie (je suis moi-même président d’une association de défense du patrimoine), je téléphonai à une amie, Suzy, pour lui demander conseil sur ce qu’il fallait faire d’un oiseau dont les pattes étaient engluées par le guano. Après plusieurs coups de fil de son côté, elle me rappela pour me dire « Surtout, ne fais rien ! » En effet, elle me dit qu’il ne fallait pas toucher aux pattes des oiseaux, car les pattes d’un oiseau (surtout jeune) sont d’une extrême fragilité et cassent comme du verre. Elle me conseilla de renouveler la litière tous les jours, changer le journal par de la paille, et que cela tomberait tout seul. En attendant, la future Rocou dormait (je ne savais pas encore si elle allait s’en tirer – j’ai vu beaucoup d’oiseaux que nous avions recueillis mourir brusquement après plusieurs jours où ils avaient l’air en parfaite santé) et je n’étais pas très optimiste sur ses chances de survie..

Ce qui compliquait les choses, c’est que, le lendemain, de guidais une sortie sur l’architecture romane des Cévennes dans les cadre de ce que l’on appelait alors les « Journées portes ouvertes dans les monuments historiques », et je ne pouvais absolument pas l'annuler.

Le lendemain soir, de retour à la maison, je ne savais pas trop ce qui m’attendait. Mais Rocou était toujours vivante et elle commença à me manifester, autant qu’elle le pouvait alors (en remuant les ailes), de l’intérêt. Elle avait bu et elle avait mangé. Je l’examinais de nouveau et je constatai avec surprise, que quelques morceaux de guano s’effritaient et commençaient à tomber. Je pensais que nous étions sur la bonne voie. Le lundi, j’allai acheter de la paille à lapins (ce serait à refaire, j’achèterais des copeaux de bois), et tout rentra dans l’ordre au bout de quelques jours.

Voilà pour la découverte. Après, Rocou commença d'elle-même à s’intégrer à la famille, composée de mes parents, d’une vieille chatte, Gribouille, depuis décédée à l’âge de 22 ans, et de moi, célibataire endurci. Au début, des amis nous prêtèrent une cage plus adaptée que le garde- manger. L’oiseau indéterminé (et qui, lorsque nous l’avons récupéré, n’était plus tout à fait un bébé mais pas encore un adulte) devint un très beau pigeon (ou plutôt une pigeonne, nous nous en rendîmes compte lorsqu’elle prépara son premier œuf) blanc, immaculé, avec juste une tache noire sur le sommet de la tête.

Les premiers temps, nous nous observâmes, en quelque sorte, puis, très vite, Rocou devint un membre de la famille à part entière, participant aux repas, aux apéritifs, et même aux conversations, s’imposant parmi nous comme l’aurait fait n’importe quel animal domestique, ayant « ses têtes », appréciant certains de nos amis, pas d’autres. Elle finit par ne plus vouloir rentrer dans sa cage, qui ne servait plus qu’à la transporter lors de voyages, en particulier pendant les vacances d'été (lorsque je partais quelques jours). Lors de mes premières vacances en juillet ou août de l’année suivante (je l'avais recueillie en septembre), je la descendis à mes parents qui passaient deux à trois mois dans leur maison de Varage, au bord de l’Etang de Berre. Cette fois-là, je partais avec ma belle-sœur et mon frère pour 10 jours à Malte. Les premiers jours de mon absence, elle ne s'alimenta pas (ma mère me le dit à mon retour) et c’est grâce aux pistaches qu’elle survécut. En effet, ma mère avait découvert qu'elle adorait les pistaches qui accompagnaient souvent l'apéritif; elle arrivait à lui en faire manger une ou deux puis deux ou trois (coupées en petits morceaux). Elle en devint « accro » comme, plus tard, lorsqu’elle prépara sa première couvaison, au gruyère râpé – jusqu’à ce que nous soyons obligés de le lui rationner ! Lorsque je revins de ce premier voyage, elle coucha la première nuit sur mon oreiller, à côté de ma tête, ce qu’elle ne fit plus jamais après.

Elle aimait aussi par-dessus tout la croûte de la pogne de Romans, qu’elle nous pelait complètement. Nous ne pouvions nous le permettre que lorsque nous étions seuls car si nous, nous ne la craignions pas, nous ne pouvions imposer cela à nos amis ou à nos familiers. Elle en était arrivée à prendre ses repas avec nous. Pour ce faire, nous lui avions aménagé une caisse en bois avec des rebords assez hauts car, le gros problème avec un pigeon, c’est qu’elle trie parmi les graines celles qui lui conviennent le mieux et, d’un coup de bec aussi précis qu’un revers de Mac Enroe, elle éjecte le reste. Donc, lorsqu’elle était à table avec nous – c’est-à-dire sur la table -, nous en prenions souvent dans nos assiettes, ce qui n’était pas dramatique car, somme toute, ce n’étaient que des graines, mais relativement désagréable pour des humains qui ne se nourrissent pas de graines.

L’autre problème –ne nous voilons pas la face ! – étaient les fientes. Au début, elle en semait un peu partout, mais de préférence en hauteur. L’un de ses « crottoirs » préférés était un grand miroir ancien que nous avons dans la salle à manger. J’ai dû bourrer l’arrière avec du sopalin pour « récupérer » les crottes et éviter de tacher la tapisserie. Elle se posait aussi sur les nombreux tableaux (peints par mon père) qui ornent les murs ou sur ses statues… Même processus. Puis, au bout de quelques années, elle apprit la propreté : elle en était arrivé à crotter exclusivement à un endroit, une étagère placée en débordement au-dessus d’une porte. Ça se passait en deux temps : elle sortait de son cagibi (une pièce qui lui était réservée), se posait sur l’étagère sous laquelle j’avais pris la précaution d’étaler un vieux journal. Je criais « caca ! », d'un ton ferme, elle se tournait et faisait ses besoins. Après, nous étions tranquilles pendant tout le repas. Il a fallu du temps, c’est sûr, mais cela s’est fait presque naturellement, car elle était (et je pense que tous les pigeons le sont) extrêmement intelligente. Je pourrai citer de nombreux autres exemples.

Au bout de quelques années, comme elle ne voulait plus dormir dans sa cage, nous lui avons aménagé une petite pièce attenante à l’une de nos pièces à vivre, munie d’une fenêtre, que nous appelons « le cagibi ». Elle y avait son nid sur l’une des étagères dont été munie cette pièce. Nous l’avions repeinte et c’était assez pimpant : une vraie "chambre particulière" avec lumière et chauffage. Le soir, lorsqu’elle avait mangé, elle allait se coucher d’elle-même assez tôt (vers les 20 H) et nous ne la voyons plus jusqu'au petit déjeuner qu'elle prenait évidemment avec nous.

En vacances, la maison de Varage est équipée d’une mezzanine avec une rambarde de bois, elle se perchait de préférence sur cette rambarde, d’où elle voyait et surveillait tout. Elle allait là aussi se coucher toute seule lorsque c’était son heure, dans la chambre où je dors quand je vais passer quelques jours chez mes parents. Mais, vers la fin, le voyage en voiture non climatisée la fatiguait beaucoup et, l’année de sa mort, je ne suis pas allé dans le midi pour lui éviter la fatigue.

J’aurais beaucoup d’autres choses à raconter car elle est restée 11 ans avec nous. Elle s’est éteinte comme l’aurait fait une bougie, le 6 février 2002…

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